Faire face au TAG

Pierre est paralysé devant certaines décisions
En dehors du travail, Pierre ne peut faire aucun choix. Il est lui-même affligé par son comportement. Lorsqu’il achète des chaussures, il ne sait pas si elles lui vont. Il demande à la vendeuse, car elle, elle doit savoir – c’est son métier. S’il achète un vêtement, il prend de multiples précautions, il questionne son épouse lorsqu’elle est présente et les vendeurs. Cela lui permet d’acheter en étant sûr… Mais dès qu’il a réglé un achat, une nuée de questions envahit son esprit : « Et si… je le mets avec tel vêtement… S’il fait plus chaud ou froid… Est-ce que j’aimerai encore cette couleur… Ce col ne va-t-il pas me gêner ?, etc. » Comment réagit-il ? Il revient aussitôt dans le magasin pour échanger son achat ou pour attendre d’être sûr avant d’acheter… Malgré toutes ces précautions et vérifications, il n’est jamais rassuré. Il change, rechange et rechange encore. Il s’en veut, il se méprise mais il ne peut s’empêcher de recommencer… Pourquoi ce serait grave s’il se trompait ? « Je sais pas, justement c’est débile, parce que je sais que ce n’est pas grave ! »

Élisa a peur de perdre ses urines
Élisa m’a été adressée pour une phobie : la peur de perdre ses urines, surtout en public. En réalité, elle souffre d’un TAG focalisé surtout sur cette inquiétude : elle y pense tout le temps, se demande toujours où seront les toilettes lorsqu’elle se déplace, si elles seront accessibles, etc. Elle porte toujours des serviettes « au cas où », elle va aux toilettes plusieurs fois avant de partir de chez elle, pour ne pas risquer d’avoir trop envie par la suite… Elle commence par repérer les toilettes lorsqu’elle arrive dans un endroit public nouveau, puis va essayer d’y uriner avant de s’en éloigner. Elle calcule constamment la distance ou le temps qui l’en sépare, et si elle se sent trop loin ou si cela dure « trop », elle fait demi-tour et retourne aux toilettes. Souvent elle n’y urine même pas, car elle n’en a pas besoin… Même si elle sait que sa vessie est vide (notamment parce qu’elle ne peut se remplir en quelques minutes), elle ne peut s’empêcher de prendre la précaution de la vider… Parfois, elle rentre chez elle prématurément parce qu’elle est épuisée par ce manège. Il lui arrive même d’annuler une invitation ou une activité à cause de son inquiétude.


Le trouble anxieux généralisé (TAG), qui touche environ 5 % de la population au cours de la vie, se manifeste par de multiples perturbations physiques, psychologiques et physiologiques, motifs de première consultation. Mais ces manifestations ne sont souvent que les conséquences d’un souci anxieux persistant ou récurrent, touchant un ou plusieurs domaines de la vie.

Depuis quelques années, des thérapies efficaces ont été mises au point pour traiter le TAG, en ciblant ses deux composantes principales : l’intolérance à l’incertitude, caractéristique spécifique de ce trouble anxieux et cause du souci excessif, et l’intolérance à l’anxiété, commune à tous les troubles anxieux.

Ce manuel apprend à reconnaître le trouble, puis il guide le lecteur pour accomplir pas à pas les étapes d’une thérapie :

• observer pour comprendre pourquoi le souci dure ou recommence ;
• s’organiser pour le combattre : choisir les cibles psychologiques et comportementales de la thérapie, augmenter la motivation pour le faire, observer que le souci anxieux est une impasse et affaiblir les raisons de se faire du souci ;
• enfin, apprendre à affronter avec succès, à l’aide de techniques cognitives et comportementales, les pensées inquiétantes liées à l’incertitude.

Conçu pour accompagner une thérapie menée avec un spécialiste, et non comme un outil permettant de se traiter soi-même, cet ouvrage de bibliothérapie, sous la plume d’un spécialiste reconnu, fait référence dans ce domaine.