John Dewey

Les grands pédagogues
John Dewey
Philosophe et pédagogue.

En un temps où l'on se réclame de la pédagogie du projet, qu'il s'agisse des projets d'établissemments scolaires, des projets d'action éducative, des projets pédagogiques de toute espèce, la référence à l'oeuvre de Dewey devrait être constante.Or, elle reste bien trop oubliée.

Seul le courant de l'éducation nouvelle continue, avec raison, à attribuer à Dewey les sources de la notion de projet. Certains sociologues, par contre, considèrent que ces projets d'ordre éducatif s'appuient sur le concept de projet d'entreprise. Lire ou relire l'oeuvre de Dewey devrait permettre d'éviter un tel contresens.

Philosophe et pédagogue

L'actualité de Dewey est d'autant plus à affirmer que ce pédagogue n'oublie jamais qu'il a été et qu'il reste philosophe : c'est ainsi qu'il établit une relation constante entre les notions de projet, de liberté, de démocratie. Or, l'éducation à la démocratie n'est elle pas à l'ordre du jour ? Dewey définit la liberté comme un pouvoir : "pouvoir d'enfanter des projets, de penser judicieusement, de mesurer les désirs à leurs conséquences; pouvoir de choisir et d'ordonner les moyens grâce auxquels on poursuit les fins qu'on s'est assignées" (Intelligence in The Modern World : John Dewey's Philosophy, 1939).

 

Le principe de continuité

Pour Dewey, il y a une continuité essentielle entre la société et l'école -entre l'école et la société. C'est cette continuité qui fonde la démocratie. D'une part, le but de l'éducation a toujours été le même : donner au jeune être ce dont il a besoin pour devenir d'une manière ordonnée et continue membre de la société. D'autre part, "l'éducation est la méthode fondamentale du progrès et de la réforme sociale !".

Partisan d'une éducation démocratique susceptible d'ancrer l'idée de liberté dans la société scolaire  et dans la "grande" société américaine, Dewey peut être qualifié de pédagogue progressiste. Toutefois, au nom du principe de  continuité, ce pédagoguqe a prôné une "école progressive" entendue dans un autre sens : il s'agissait de ne pas introduire de rupture trop fortes entre l'age de cinq ans et celui dans l'entrée dans la vie professionnelle, préparée de façon lente et pas à pas tout au long du cursus scolaire. C'est sans doute cet aspect de ses thèses pédagogiques, très marqué  par la mentalité des hommes et des femmes des Etats-Unis d'Amérique, qui a empêché l'ouvre de Dewey d'être complétement reconnue en France. De plus, la généralisation de cette pédagogie, à partir d'une expérimentation dûment conduite par l'école-laboratoire que Dewey avait créée, n'a pas manqué d'accentuer les dérives dues à toutes généralisation.

C'est, au reste, ce qui advient lors de l'extension d'une pédagogie : les expérimentations les plus rigoureuses ne sauraient éviter les risques et les erreurs qu'engendrent uen "officialisation" des idées et/ou une extension très large des expériences.

Quoi qu'il en soit, l'oeuvre de Dewey reste importante. Elle a le mérite de poser des problèmes et des questions d'une actualité incontestable.

 

Texte extrait de : Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation de  Francine Best