Mon cahier-mémo d’anglais cycle 3 : l’interview de l’auteure, Corinne Marchois !

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Corinne Marchois
Afin de permettre aux élèves de cycle 3 de renforcer leurs acquis en anglais, Corinne Marchois a conçu un outil intelligent et ludique : un cahier-mémo d’anglais ! À portée de main, il permet de retrouver les formulations pour s’exprimer, de se remémorer le lexique, de s’entrainer à bien prononcer les mots… Découvrez cette nouveauté à travers l’interview de l’auteure, Corinne Marchois !

1. Comment est née l'idée de réaliser ce cahier-mémo d'anglais ?

L'idée a germé progressivement, au fur et à mesure de constats récurrents alors que j'observais des séances de langue ou lors de stages de formation continue que j'ai animés pendant de nombreuses années.

Le premier d'entre eux est le manque de concertation entre les membres de l'équipe enseignante pour proposer un parcours progressif et continu.


Les équipes d'école élaborent fréquemment des répartitions en français, en mathématiques, en histoire géographie ou encore en sciences, mais trop rarement en anglais.


Or, identifier clairement les apprentissages et les acquis des élèves que l'on prend en charge garantit la cohérence et la continuité des apprentissages, tout en leur offrant un enseignement adapté et motivant.


Il n'est rien de plus ennuyeux pour un apprenant que de revoir chaque année les mêmes champs lexicaux sous prétexte qu'ils seraient oubliés.

Le cahier mémo permet d'identifier clairement les structures et les champs lexicaux travaillés au fil des années.
Un contenu d'apprentissage déjà entraîné les années précédentes et qu'il s'agit alors simplement de réactiver ne sera pas appréhendé de la même manière qu'une nouvelle structure ou qu'un nouveau champ lexical.

Le cahier mémo permet de communiquer aux autres enseignants qui prendront en charge ces élèves les années suivantes l'ensemble des contenus d'apprentissages travaillés.
L'enseignant pourra alors adapter sa progression pour poursuivre et enrichir les apprentissages.
C'est ce qu'on appelle une progression spiralaire. On peut se présenter, se décrire ou décrire son environnement proche du CP à la 6ème, mais on ne le fera pas de la même manière.

Ce cahier mémo est en conséquence un véritable outil de suivi et de liaison pour les enseignants de l'ensemble du cycle.   

Lors des formations continues, beaucoup d'enseignants font part de leur appréhension et de leurs difficultés à se considérer compétents pour enseigner l'anglais.

Bien souvent, la majorité d'entre eux maîtrisent les compétences nécessaires, mais ils manquent de confiance pour s'exprimer.
Ce cahier mémo liste le lexique et les structures à transmettre aux élèves. En ce sens, il montre que le contenu d'enseignement ne relève pas du bilinguisme mais bien de leur champ de compétences.
Le cahier mémo identifie clairement les connaissances à transmettre et rassure les enseignants.

Néanmoins, il reste un obstacle non négligeable : la prononciation. L'enseignant pourra utiliser le cahier mémo pour lever les doutes. Chaque mot des fiches lexique est associé à sa maison de son.
En conséquence, la manière de prononcer le mot est immédiatement accessible. D'autre part, les maisons de son de la partie 3 proposent des listes de mots contenant le même son.
Elles ont un double intérêt. S'entraîner à oraliser ces listes de mots permet de rééduquer d'éventuelles erreurs de prononciation. Découvrir que Monday appartient à la maison bus pourra atténuer l'influence de l'orthographe sur la prononciation.
D'autre part, lors de situations d'entrainement à la discrimination de phonèmes (par exemple déterminer si on entend un I bref ou i long), l'enseignant n'aura qu'à sélectionner quelques mots des maisons de son correspondantes pour mener à bien cette activité.

Le troisième constat se situe au niveau des élèves. Le choix du support d'apprentissage relève de l'enseignant.
Certains optent pour une méthode de langue, d'autres pour un cahier regroupant l'ensemble des documents photocopiés ou recopiés utilisés pendant les cours, d'autres pour un classeur....
La variété de ces supports ne permet pas à l'élève de garder une trace organisée de ses apprentissages d'une année sur l'autre.
De surcroit, mes observations de classe m'ont permis de constater que les élèves ne se réfèrent que rarement aux contenus abordés en amont dans l'année scolaire.
Peut être par difficulté de se repérer ? Ou parce que les contenus d'apprentissage sont "noyés" parmi des activités d'entrainement ?
Quoi qu'il en soit, les supports "au fil des apprentissages" ne permettent pas réellement à l'élève de s'y référer en cas de besoin.

Le cahier mémo propose des contenus organisés, facilement identifiables et mobilisables. Outil référent, il permet à l'élève de retrouver rapidement le lexique ou les formulations qu'il désire réutiliser.

Outre la mémorisation du lexique et des structures, leur prononciation peut se révéler être un obstacle majeur, notamment lorsque l'élève est seul à la maison et qu'il doit revoir ses leçons.
Les mots sont donc illustrés (construction du sens), et associés à leur maison de son. Ainsi chaque apprenant pourra immédiatement savoir comment ils se prononcent.

Le cahier mémo facilite la construction et la mémorisation de la liaison phonie graphie grâce à l'association de chaque mot avec sa maison de son référente.         

A l'issue des formations que j'ai animées, j'ai régulièrement été sollicitée par les enseignants pour travailler avec certains de leurs élèves dyslexiques.
L''écrit en anglais est un obstacle majeur pour ce profil d'apprenants.
Des phrases de base telles I live in Nîmes and I like ice cream, ou encore For breakfast I drink tea. I eat bread, cereal and baked beans montrent qu'il est impératif de trouver une solution pour aider les apprenants à mémoriser conjointement l'orthographe et la prononciation.

L'idée m'est venue d'utiliser les couleurs pour solliciter la mémoire visuelle.
Puisqu'on se rappelle sans peine que le dossier que nous cherchons était rangé dans une pochette jaune, j'ai fait le pari que les élèves se rappelleraient de la couleur des lettres (donc du son associé) si cette couleur était "représentative du son", donc facilement mémorisable.
Surligner le "ea" de tea et de beans (son i long de green) en vert, le "ea" de breakfast  et de bread (son e de red) en rouge et le "ea" de cereal  (son IƏ de ear) en rose pâle, est une astuce qui a fait ses preuves auprès de nombreux élèves de mon département.

Ce codage couleur des phonèmes permet aux élèves, tout particulièrement aux élèves dyslexiques, de mieux mémoriser et d'identifier l'ensemble des lettres qui forment le son. Ils gagnent ainsi en efficacité.
Le cahier mémo a pour objectif de rendre les élèves autonomes et performants, tant à l'oral qu'à l'écrit, en les accompagnant de manière efficace et agréable tout au long du cycle 3.

 

2. Lorsque l'on ouvre ce cahier-mémo, que trouve-t-on ?

Ce cahier mémo est organisé en 4 parties.

Il permet de :

  • Partie 1 - retrouver facilement les formulations pour s'exprimer et interagir dans les situations simples de la vie courante,
  • Partie 2 - se remémorer le lexique. Le vocabulaire illustré, correspondant aux niveaux A1 et A2, y est regroupé par thématique.
    Un logo précise la maison de son à laquelle chaque mot appartient pour aider à la mémorisation de la prononciation. Trois étoiles sont placées sous chaque mot. L'élève les coloriera au fur et à mesure des apprentissages.
    Chaque fiche lexicale est complétée par la rubrique About you. L'élève est invité à renseigner les informations demandées pour s'approprier ce cahier mémo.
    La rubrique Play with your friend propose une situation de communication au cours de laquelle l'élève s'entrainera à manipuler le lexique et les structures.
    Enfin, la rubrique About (+ le thème de la fiche) liste l'ensemble des structures utilisées avec le thème lexical de la fiche, afin d'aider les apprenants à établir des transferts.
  • Partie 3 - s’entraîner à bien prononcer les phonèmes spécifiques de l’anglais. Cette partie regroupe l'ensemble des maisons de sons. Ainsi la maison "blue" rassemble tous les mots des fiches lexicales contenant le son [u:]. Oraliser ces listes de mots permet aux élèves de s'entraîner à prononcer correctement les phonèmes. Chaque phonème est également associé à une couleur représentative du son, sollicitant ainsi la mémoire visuelle pour faciliter la mémorisation et aider à la construction du lien phonie graphie.
  • Partie 4 - conserver la trace des chants et comptines traditionnels acquis au long du cycle.

 

3. Quelle est l'importance d'un tel outil pour l'élève et comment l'utilise-t-il en classe ?

Ce cahier est destiné à accompagner les élèves du cycle 3, du CM1 à la 6ème. Même si son utilisation peut être envisagée dès le CE2 puisque les compétences de lecteur sont alors affirmées, nous avons préféré une cohérence de cycle.

Comme nous l'avons dit, ce cahier mémo se veut un outil auquel l'élève pourra aisément se référer pour retrouver un contenu d'apprentissage. Néanmoins, son utilisation sera initiée par l'enseignant.

Après un module d'apprentissage, les élèves seront invités à colorier la première étoile placée sous les mots qui viennent d'être appris, tout comme ils seront invités à aller surligner les nouvelles structures.

Régulièrement, l'enseignant pourra proposer aux élèves de revoir tous les mots déjà appris pour colorier une 2ème étoile si l'élève estime qu'il a bien mémorisé ce mot.


Le cahier mémo tiendra lieu en quelque sorte de portfolio. Revenir sur les apprentissages pour que l'élève s'auto évalue et détermine le degré de mémorisation d'un mot ou d'une structure participe à sa remise en mémoire.

Apprendre est un processus itératif qui nécessite que vous reveniez régulièrement sur ce que vous avez appris et que vous le mettiez constamment à jour en le reliant à de nouvelles connaissances (Florence SMITS, Inspectrice générale, Groupe Histoire et Géographie, académie de Rennes).


Les chants et comptines appris seront, là encore à l'initiative de l'enseignant, recopiés ou collés dans la partie correspondante.

Enfin, l'enseignant pourra demander aux élèves de prononcer à haute voix les mots de certaines maisons de sons, pour s'entrainer à l'oralisation d'un phonème particulier. Les mots appris pourront également y être surlignés.

D'une séance sur l'autre, l'enseignant donnera les références des pages à relire à la maison. Il aidera ainsi ses élèves à être autonomes pour s'approprier lexique, structures et conjointement la prononciation.


Ce cahier mémo a pour objectif de faciliter l'identification et la mobilisation des apprentissages, rendant l'élève autonome.  

 

4. Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de la version numérique ?

La version numérique (à venir) garde toutes les caractéristiques du cahier en offrant en plus la possibilité d'écouter chaque mot et chaque expression, autant de fois que nécessaire.

 

5. Quel conseil donneriez-vous à des enseignants peu à l'aise avec l'enseignement de l'anglais ? 

L'enseignant sous estime souvent ses capacités linguistiques, ce qui l'amène à penser qu'il n'a pas les compétences requises pour enseigner correctement le niveau A1.


A l'origine de ces réticences on trouve soit une expérience personnelle de l'apprentissage d'une langue étrangère non concluante, soit la hantise de se tromper, de ne pas "être à la hauteur".


Or, j'ai pu à maintes reprises constater que les compétences linguistiques sont maîtrisées, il suffit de les réactiver... à condition de se faire confiance. Et c'est bien là que se situe l'obstacle majeur.

Il n'y a pas de grande tâche difficile qui ne puisse être décomposée en petites tâches faciles, dit un adage bouddhiste.
Fort de ce principe, il est essentiel que l'enseignant se donne des objectifs facilement atteignables et qu'il se remette en mémoire et pratique uniquement ce dont il a besoin dans un premier temps.


Il réservera les enregistrements de la BBC qui en ont découragé plus d'un à une étape ultérieure, s'il en éprouve le besoin.
Priorité doit être donnée au contenu d'enseignement. Il est défini par les programmes. 

Il est important de bien prononcer le lexique et les structures enseignées aux élèves.
Pour cela, soit l'enseignant s'appuie sur des enregistrements, soit il fait un travail préalable de vérification de la prononciation.
Le cahier mémo est parfaitement adapté à cet objectif.

Parallèlement à la maîtrise du contenu d'apprentissage, il faut être en mesure de gérer au maximum le déroulé de la séance en anglais.
Là encore, cette tâche est loin d'être insurmontable. Il est important de savoir que le langage de classe nécessaire au déroulement d'une séance de langue vivante peut se limiter à une trentaine de formulations.
Des listes de consignes sont facilement accessibles. L'enseignant y sélectionnera dans un premier temps une dizaine de formulations qui correspondent à celles dont il a le plus besoin.
Il les mettra en œuvre en classe, puis progressivement il enrichira son répertoire.

Il faut garder à l'esprit que la quantité de formulations utilisées dans une séance doit rester limitée du simple fait qu'il faut accorder un maximum de temps à l'écoute et à la production des élèves.
L'attention des élèves devant avant tout se centrer sur les éléments linguistiques à assimiler et sur la contextualisation de la situations proposée, tout discours superflu est donc à proscrire.
Une attention particulière sera donc portée à la passation des consignes. Elles doivent être brèves et accompagnées le plus souvent possible de gestuelles.
Une situation montrée avec la complicité d'un ou deux élèves est plus efficace qu'un long discours qui aura pour seul effet de décourager les élèves.

Ces recommandations montrent qu'il n'est pas besoin d'être bilingue pour enseigner le niveau A1.
En revanche, le contenu d'enseignement (limité à ce niveau) doit être parfaitement maîtrisé. Pour cela, l'enseignant s'appuiera sur des outils existants, dont le cahier mémo fait partie.