Coup d'oeil sur les méthodes de lecture

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Dessin d'enfants en train de lire
Inutile de le répéter, la méthode purement globale n'existe pas. La reconnaissance globale (appelée aussi reconnaissance par la voie directe), c'est l'affaire des lecteurs experts : vous, moi.

Mais il existe un nombre important de manuels qui offrent aux maîtres des démarches assurées, pour conduire les enfants, à travers des textes intéressants, vers la découverte de l'écrit, du mot et du code.

Comment Champollion aurait-il pu oeuvrer une partie de sa vie pour découvrir le code des hiéroglyphes, s'il n'avait été poussé par le désir d'y donner du sens ? Comment aurait-il pu parvenir à ses fins, s'il n'avait eu enmains la fameuse pierre de Rosette qui lui offrait des indices de sens dans une autre langue. 

A l'opposé d'attitudes seerviles devant le non-sens de l'alphabet, ce sont ces approches "champolionesque" qu'il faut développer chez les enfants. Ils doivent être conduits par le plaisir et le désir d'accorder du sens à l'écrit. Et ces manuels qui leur offrent des textes intéressants doivent être conservés, à la seule condition qu'ils leur permettent de se constituer un capital de mots, à partir desquels ils pourront découvrir le code, à la lettre près. Vous appelez ça méthode globale, vous ?

Certes non ! Il s'agit de méthodes mixtes ou encore de méthodes analytiques à point de départ global. Car pour analyser, il faut partir d'un tout (lphrase et le mot) et non de l'élément (la lettre). dans ces manuels, mis au point sous la direction de vrais spécialistes, les enfants analysent le code de l'écrit de façon progressive et précise. Ils avancent donc à coup sûr vers la lecture experte. Comment ?

J'ai du mal à imaginer qu'Anthony Carlisle et William Nicholson se soient retrouvés un matin en se disant :

- Tiens, nous allons fabriquer de l'eau ! Vite, un peu d'hydrogène, d'oxygène, un soupçon de catalyseur, et c'est parti !

Difficile à imaginer, parce que, pour agir ainsi, il leur aurait fallu d'avancer posséder la recette. Non, ils sont partis de l'eau, toute bête, toute plate. Ils l'ont analysée pour en extraire des particules gazeuses, et ont tenté ensuite de recomposer le tout. Autrement dit, ils en ont fait l'analyse puis la synthèse...

Aujourd'hui, les profs de chimie partent de cette expérimentation pour montrer aux élèves que ça marche, mais, ils ne les laissent pas croire à une découverte. En somme, ils ne font que vérifier. Et c'est bien suffisant, parce que l'électrolyse de l'eau n'est pas un problème vital chez l'enfant ou l'adolescent.

 

En revanche, il faut bien admettre que la lecture conditionne la réussite scolaire, en même temps que la formation de l'individu. Dans une vie, la fréquentation de l'écrit est quotidienne,et l'entrée dans l'aventure doit être négociée avec finesse. Car il s'agit, non suelement d'apprendre à lire, mais aussi, et surtout, d'inciter les enfants à vouloir continuer à lire après l'apprentissage.

Dans cette optique, il me paraît exagéré de faire fi des travaux de nombreux chercheurs, parfois jetés à la vindicte populaire, qui ont tous placé en amont de l'apprentissage la notion de plaisir et la construction du sens par l'enfant. De même, il me paraît incohérent de renier les Propos d'Alain qui affirmait :

L'enfant ne retient bien que ce qu'il a découvert et expériementé...

On voit mal alors comment un enfant éprouverait du plaisir à découvrir que B et A font BA, quand on se contente de lui donner la solution !

De plus, les jeunes enfants adorent les histoires. Elles ont bercé leurs premières soirées et symbolisent le plaisir de lire et d'entendre. c'est pourquoi il me semble dangereux de rompre avec cette tradition, pendant toute la durée de l'apprentissage, pour ne pas les laisser fréquenter que des syllabaires dénués de charme. Car, il faut bien s'en persuader, les méthodes alphabétiques ou syllabiques ne sont que des catalogues de lettres et de sons, sans intérêt affectif ou culturel, qui ne peuvent donc susciter le moindre désir de se lancer dans la lecture.

Constatons, au contraire, qu'un enfant qui entre au Cours préparatoire n'est pas vierge de culture de l'écrit. De plus, il sait que le livre procure un bien-être irremplaçable. Il reconnaît son prénom et une bonne quinzaine d'autres mots fréquents : maman, papa, maison, rue, soleil... Mais il n'est pas toujours capable de justifier cette reconnaissance. Souvent il identifie son prénom par la silhouette du mot, mais pas toujours par les lettres. C'est comma ça : les jeunes enfants ont une vision globale des mots, et il leur faudra quelque temps pour acquérir les compétences à les analyser.

 

Texte extrait de Globale ou syllabique de Henri Philibert.