Interview de Charly CUNGI

Actualités
Photo de Charly Cungi
Alliance thérapeutique.

Pourquoi une « alliance thérapeutique » est-elle nécessaire à toute psychothérapie ?

Une psychothérapie est un travail de recherche et d’apprentissage nécessitant une collaboration étroite entre un patient et son psychothérapeute. De manière générale, nous pouvons dire que le patient et son psychothérapeute travaillent ensemble pour mettre au point les méthodes de résolution de problème que le patient appliquera ensuite. Cela ressemble à l’apprentissage de la conduite automobile : un élève apprend avec un moniteur à conduire, puis conduit tout seul, avec une différence importante : dans le cas de la psychothérapie, le thérapeute ne sait pas à l’avance où il va et quelles seront les méthodes qui conviendront au patient. Elles sont à élaborer ensemble !

 

Pourquoi est-elle difficile à mettre en œuvre par le thérapeute ?

Notre métier est particulier. Le psychothérapeute lui-même et la relation qu’il établit avec le ou les patients sont l’outil thérapeutique principal. Le psychothérapeute doit donc être capable d’utiliser ce qu’il ressent (ses émotions, ses sentiments), ce qui lui passe par l’esprit et ce qu’il fait dans le cadre de la thérapie. Cela nécessite de bonnes aptitudes humaines : être empathique (savoir bien percevoir la réalité que vit le patient) ; être authentique (se sentir à l’aise, y compris avec son malaise), et enfin être chaleureux (trouver le patient sympathique). Ces qualités humaines sont indispensables : dans ce type de travail, il vaut mieux aimer les gens…Et aimer les problèmes, puisqu’on ne rencontre que des gens et que des problèmes ! Elles ne sont cependant pas suffisantes. Un bon thérapeute est aussi un professionnel qui dispose de méthodes, d’un entraînement et de conditions spécifiques d’exercice dont fait partie la supervision, c'est-à-dire la possibilité de faire appel à un confrère en cas de difficulté.

En résumé, un psychothérapeute pour être efficace doit être très proche de son patient, bien percevoir les réalités et les souffrances qu’il vit, et dans le même temps disposer de méthodes et d’un cadre spécifique afin de ne pas se retrouver « paralysé » par ses propres émotions et sentiments, « son malaise » , c’est ce que j’appelle être professionnel et ce n’est pas toujours facile.

 

Quels en sont les bénéfices pour le patient ?

Un rapport collaboratif favorise toujours l’autonomie : c’est le patient lui-même qui applique les solutions, élaborées dans le cadre de la thérapie. Il devient progressivement le « spécialiste » de son problème et « l’excellence de l’art psychothérapique », c’est quand un patient constate et comprend bien qu’il est l’artisan principal de la résolution de ses problème et de son développement personnel. Normalement il devrait oublier son thérapeute…

 

A quoi sert le DVD ?

Il vaut mieux montrer qu’expliquer. Du moins dans un premier temps. Le DVD met en scène les méthodes d’entretien utiles dans différents contextes (individuel et de couple), montre ce qu’il ne faut pas faire, expose les pièges et propose des exercices avec les solutions. C’est un très bon outil d’entraînement personnel, de plus en plus employé par les étudiants et les professionnels de santé… Un IUFM (institut universitaire de formation des maitres), nous a même demandé l’autorisation d’utiliser ce DVD pour la formation des professeurs des écoles. A mon avis, les techniques d’entretien ne sont pas assez enseignées dans les métiers de soignants, les métiers pédagogiques et les métiers de l’éducation.

 

Vous êtes Président d’honneur de l’AFFORTHECC et co-fondateur de l’IFFORTHECC.

Quels sont les rôles de ces organismes ?

L’Afforthecc (Association Francophone de Formation et de Recherche en Thérapie Comportementale et Cognitive) regroupe des professionnels de santé de l’ensemble des pays francophones depuis maintenant plus de 12 ans. Cette association organise régulièrement des congrès, des ateliers et développe une collaboration active avec l’Université. Elle participe à la publication d’une revue scientifique, et encourage la recherche clinique.

La croissance de l’Afforthecc a nécessité la création d’un institut spécialisé, l’Ifforthecc (Institut Francophone de Formation et de Recherche en Thérapie Comportementale et Cognitive) qui est chargé d’organiser l’enseignement et de développer la recherche concernant les méthodes pédagogiques (Interactivité, multimédia, Internet, collaboration éditoriale).

Il possède deux centres : à Lausanne et à Lyon. L’Ifforthecc développe également l’application des méthodes comportementales et cognitives dans d’autres domaines que le soin : l’enseignement, l’éducation et l’entreprise. Ces méthodes ont fait la preuve scientifique de leur efficacité dans ces différents domaines.