Les phonèmes ? 3 questions à Béatrice Pothier

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Photo de Béatrice Pothier
Maître de conférences à Angers et spécialiste de la langue orale et écrite, Béatrice Pothier répond aux questions que nous nous posons, et vous aussi peut-être, sur le rôle et l’importance des phonèmes aux cycles 1 et 2.

 

 

1. Quelles sont les difficultés les plus courantes rencontrées par les enfants sur certains phonèmes. (Quelle est l’origine de ces erreurs et comment se manifestent-elles ?)

 

Les enfants doivent emmagasiner un nombre d’éléments de leur langue tellement conséquent qu’il n’est pas étonnant que certains aspects se trouvent plus ou moins développés par les uns et par les autres à des moments divers de leurs apprentissages.

En ce qui concerne l’aspect phonologique de la langue française, les petits, dont c’est la langue maternelle, se trouvent le plus souvent en butte avec :

les phonèmes consonantiques (opposition de sonorité : « poisson/boisson », de nasalité : « baron/marron », de points d’articulation : « train/crin », d’occlusivité : « la /besk/ pour « la boxe », souvent également avec les phonèmes semi-consonantiques (/fij/, /lVi/ et /rwa/) ainsi que sur les 16 phonèmes vocaliques que comporte la langue française.

 

Ces erreurs ne sont généralement pas pérennes et trouvent leurs solutions dans une diversité de jeux au cours desquels les petits apprenants vont exercer leur sens de l’ouïe tout d’abord, puis leur réalisation phonique.

 

 2. Quelle est l’importance de l’acquisition phonologique de la langue, notamment pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ?

 

Il est évident que la maîtrise de la langue orale conditionne grandement les acquisitions futures en langue écrite.

En ce qui concerne la lecture à haute voix, les erreurs de langue orale vont, bien souvent, se retrouver dans ce que l’enfant va oraliser. Les effets semblent encore plus importants lorsque l’enfant va être mis en demeure de « produire » de l’écrit, c'est-à-dire dans la phase « orthographique ».

 

Lorsqu’il veut créer de l’écrit, l’enfant n’a pour modèle que ce qu’il se dit dans la tête. Si sa parole intérieure contient des erreurs, celles-ci vont se retrouver dans sa production écrite. Il en est de même pour ce que l’enfant va devoir écrire sous la dictée.

De fait, la parole entendue sera exempte d’erreurs, mais pour pouvoir écrire, l’enfant se redit ce qu’il a entendu dicter (ne serait-ce que pour avoir le temps de l’écrire) et retrouve alors sa propre façon d’interpréter la langue.

 

3. Pourquoi le travail de la phonologie par le jeu est-elle particulièrement efficace en terme de diagnostique et de remédiation? Quels sont les avantages de la mallette Jeux phonologiques?

 

A l’âge de la maternelle toute acquisition se fait par le jeu : le jeu individuel parfois, mais surtout l’apprentissage du jeu en groupe (restreint).

La mallette permet aux enfants de rectifier un certain nombre d’erreurs, de se familiariser avec la langue, d’apprendre des mots nouveaux et, bien sûr, de partager avec les autres ces moments de plaisir et de découverte. L’apprentissage ne peut se faire qu’à la condition que l’apprenant prenne le goût de découvrir, de partager avec les autres.

Pour ce qui concerne le seul diagnostic, la présence de l’enseignant-e est requise ; ensuite les enfants peuvent jouer en groupes avec les outils proposés qui permettent de fonctionner avec toute la classe ou en ateliers. Les jeux (de l’oie, de loto, des familles, etc.) sont conçus pour être utilisés en toute autonomie tout en remédiant à des difficultés spécifiques.

 

Le livre du maître propose une synthèse du fonctionnement du système phonologique de la langue française, puis un exposé des différentes erreurs commises par les enfants et enfin, une présentation détaillée des divers jeux.

L’enseignant-e peut s’y référer pour apprendre à ses élèves à maîtriser l’oreille et la phonation tout en jouant.