Qu'est-ce que la Gestalt thérapie

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Illustration représentant des personnes de façon abstraite
Pour tout savoir sur cette technique.

La démarche thérapeutique

Le système d'illusion, le Moi, les complexes sont alimentés par les tensions créées par les gestalts inachevées. Aussi le travail du thérapeute est-il orienté vers l'expérience vécue, au sein de la situation thérapeutique, de ces gestalts inachevées, à travers le sentiment d'impasse, le ressenti de ce que le patient évite et de ce qu'il désire. Le patient va, dans le cadre de la thérapie, répéter ses comportements, ses attitudes les plus fondamentales : « La répétition compulsive n'est pas orientée vers la mort, avance Peris, mais dirigée vers la vie ; c'est une tentative répétée pour maîtriser une situation difficile. Les répétitions sont des investissements en vue de l'achèvement d'une gestalt, afin de libérer son énergie pour grandir et se développer. »

C'est pourquoi il n'est pas besoin d'aller reconstituer l'histoire du patient ; c'est dans l'ici et maintenant que s'expriment et s'actualisent les conflits du sujet (le maintenant inclut: l'expérience, l'engagement, le phénomène de la conscience). De même, pour Peris, le pourquoi n'a pas beaucoup d'intérêt: ce qui importe, ce n'est pas tellement de trouver les causes qui font que le sujet est ce qu'il est, mais de comprendre comment il fonctionne, quelle est la structure de la gestalt qu'il manifeste : « Ce sont les deux pieds sur lesquels repose la gestalt-thérapie : le maintenant et le comment. » La prise de conscience du « comment » se fait en suivant très attentivement l'accompagnement émotionnel et somatique de l'expérience psychique à mesure qu'elle se déroule.

Le corps et l'émotion renseignent le sujet sur ses sentiments véritables, sur ses peurs, sur ses besoins, alors que souvent le discours s’égare dans les rationalisations, les à-peu-près, les faux-fuyants. Pour cette raison, le thérapeute va toujours recentrer le patient sur ce qu'il ressent dans l'instant, plutôt que sur ce qu'il pense ou a pensé. De même, il va l'encourager à prendre la responsabilité de ce qu'il éprouve (à dire par exemple « je ne veux pas », plutôt que « je ne peux pas ») et à accepter des sentiments que, d'habitude, il refuse ou fuit «< reste sur ce sentiment »).

Le travail thérapeutique porte tout spécialement sur le contact (la façon dont le patient entre en relation) et sur les résistances qui viennent l'entraver (introjection, projection, confluence, rétroflexion, déflexion).

 

Les modalités pratiques

La gestalt-thérapie est proche, dans ses modalités, du psychodrame, mais d'un psychodrame dans lequel le sujet est invité à jouer tous les rôles.

Dans ce but, on utilise par exemple la technique de la chaise vide: si le patient joue un dialogue avec son père, une chaise figurera ce dernier, et il changera de place selon que c'est lui qui parle, ou son père. Le plus souvent, il s'agit de faire s'exprimer les divers personnages qui sont à l'intérieur même du moi, les différentes facettes contradictoires, les aspects de soi que l'on cache, ou que l'on ne veut pas voir, ou que l'on projette sur autrui.

Le thérapeute guide le patient dans ce travail, attirant son attention sur un geste involontaire, une intonation, l'incitant à exprimer un sentiment, à amplifier une attitude, à descendre dans une émotion. Il lui propose aussi des «expérimentations », sortes de mises en acte, d'exercices permettant d'explorer les situations qui lui posent problème. Aujourd'hui, les thérapeutes associent souvent la technique de la gestalt à d'autres démarches, comme la bioénergie ou l'analyse transactionnelle. Certains pratiquent également la « vidéo-gestalt », approche élaborée par un thérapeute californien, Barry Goodfield. La vidéo permet au patient de voir, de façon directe, son comportement, ses attitudes, ses gestes, ses postures, et de prendre conscience plus vite de ce qu'ils expriment; elle entraîne souvent un choc émotionnel, car l'image de soi que renvoie la vidéo ne correspond habituellement pas à la façon dont on se perçoit soi-même. La gestalt-thérapie peut se pratiquer en séance individuelle, mais plus généralement en thérapie de groupe; dans ce cas, le groupe et le thérapeute se centrent successivement sur l'un ou l'autre des participants ; pendant ce temps, les autres servent à celui qui « passe » de miroir, de soutien, de protagonistes, de stimulant ou d'amplificateur.

Les indications de la gestalt-thérapie correspondent au champ des névroses; elle convient bien à des sujets qui se réfugient dans une verbalisation défensive ou qui s'immergent dans un vécu émotionnel non verbalisé. Des expériences ont été faites aussi d'utilisation de la gestalt thérapie en milieu psychiatrique.

 

Extrait de La Gestalt aujourd'hui de Gonzague Masquelier