Comment aborder le harcèlement en classe, dans le cadre de l’enseignement moral et civique (EMC) ?

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Enseignement moral et civique et harcèlement
Au sein de notre collection Comprendre le monde, deux ouvrages d’enseignement moral et civique (EMC), permettent d’aborder l’acceptation de la différence au cycle 2 et le harcèlement au cycle 3. Comme au début de chaque séquence de cette collection, une rubrique « Information pour l’enseignant » permet de faire le point, de façon succincte, sur les notions à aborder avec les élèves. Nous avons pensé que ce contenu pourrait vous intéresser donc nous vous proposons de le découvrir ici !

Enseignement moral et civique CP-CE1-CE2 : La différence

Parmi les termes utilisés le plus couramment, souvent dans un sens très positif, celui de « différence » s’est installé depuis plusieurs années comme une évidence. Avec la notion de « respecter les différences », du « droit à la différence », on pense souvent avoir tout dit de sa pédagogie en éducation civique. D’abord, la question est de savoir de quelle différence il s’agit. De quoi parle-t-on quand on parle de différence ? De couleur de peau, d’origine ? Si, selon les scientifiques, il n’existe qu’une seule espèce humaine, deux sexes, l’unicité de chacun est une donnée biologique fondamentale. Même entre ceux que l’on pourrait, hâtivement, mettre dans le même groupe humain : les noirs, les blancs… Il y a plus de différences biologiques entre un homme blanc et sa propre sœur qu’entre celui-ci et un homme noir. La science est formelle là-dessus.

Ensuite, il est important de savoir que le respect de la différence déclamé comme un principe fondamental n’a pas grand sens. Certes, il faut respecter les autres dans leurs différences. Mais il suffit de prendre sa classe et d’observer que la taille des élèves n’est la même pour personne ; leurs mains, leurs pieds, leur couleur de cheveux varient de manière infinie. Les différences sont partout. Et qu’enfin, à force de repérer les différences, on ne s’interroge plus sur ce que nous avons tous en commun, en partage d’humanité. Et c’est une des questions centrales qu’il faut avoir en tête : nous appartenons tous à une même espèce humaine, nous partageons en commun la même planète et notre avenir est lié. Une commune espèce liée par un destin commun, voilà la grande affaire de l’humanité.

La notion de « différence » est très relative. Différence oui, mais par rapport à quoi ? Par rapport à la norme ? Par rapport au groupe dominant ? Si nous sommes tous différents, juger, se moquer ou rejeter l’autre est tout simplement intolérable.

Il est très important d’expliquer aux enfants ce que signifie cette notion de différence. Et aussi comment s’exprime la peur de l’autre qui peut engendrer son rejet. Il faut amener les élèves à considérer que respecter les différences est de l’ordre de l’évidence, de l’indiscutable (ce qui ne se discute même pas). L’école de la République est bien entendu respectueuse des « différences ». Ce qu’il faut travailler, c’est le respect et l’absence de moquerie des élèves les uns envers les autres. C’est vrai qu’il y a des différences ; mais cela n’implique pas le manque de respect.

Casser les représentations sur la différence est moins évident. Il s’agit de changer de point de vue, de modifier l’angle de son regard pour comprendre à quel point cette notion est relative et que rien ne justifie le regard moqueur, discriminant, blessant ou cruel. En décentrant les enfants de leurs certitudes, on parviendra à un véritable développement du respect de chacun. La différence peut effectivement être une richesse, à condition de se mettre à la place de la personne, de la comprendre, d’adopter pour un temps son angle d’observation et de partager ses connaissances, ses expériences, ses manières de penser le monde qui nous entoure.

Extrait de l'ouvrage Enseignement moral et civique CP-CE1-CE2, collection Comprendre le monde, Editions Retz

 

 

Enseignement moral et civique Cycle 3 : Le harcèlement

Depuis une petite quinzaine d’années, la communauté éducative a pris la mesure de ce que l’école considérait souvent comme des jeux d’enfants, des « histoires entre gosses » sans importance. Le harcèlement (qui a toujours existé dans les écoles) est devenu un sujet du quotidien scolaire, et les psychologues ont heureusement alerté sur les effets graves de ces violences quotidiennes, à la fois verbales, physiques et psychologiques. La société et l’institution scolaire tout entière ont semblé prendre conscience de ce que ces violences répétées pouvaient avoir de destructeur. 

Fondées sur le mépris de l’autre, elles peuvent prendre plusieurs formes (moqueries, violences ordinaires, racket, mépris, indifférence, insultes…) et aboutissent toutes à une discrimination à l’encontre d’un ou de plusieurs élèves. Le processus qui est à l’œuvre vient miner la confiance de l’enfant ou de l’adolescent confronté à la violence du groupe oppresseur. 

Discrimination raciste, antisémite, homophobie, mépris pour l’obésité ou la petite taille, les motifs sont nombreux et se traduisent tous par les mêmes phénomènes : l’emprise et la domination.

Ces dernières années, le cyberharcèlement a donné une ampleur nouvelle, via les réseaux sociaux, à ce phénomène. 
Les conséquences du harcèlement peuvent être tragiques, comme le confirme parfois l’actualité. Les formes diverses de déscolarisation, d’absentéisme ou d’impossibilité à se concentrer en classe et en dehors, les somatisations diverses des élèves harcelés, des formes insidieuses de désocialisation ou encore la nécessité de devoir changer d’établissement constituent la réalité de notre école aujourd’hui. Dès la maternelle, si l’on n’est pas vigilant, des formes d’emprises peuvent s’exercer d’un élève sur un autre. Au moment de la préadolescence et de l’adolescence, les conséquences sur la santé psychologique peuvent être terribles – le suicide étant la forme extrême mais réelle des effets du harcèlement en milieu scolaire.

En 2014, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes a permis d’introduire un nouvel article 222-33-2-2 dans le Code pénal ; le harcèlement moral est explicitement reconnu comme un délit. Il peut concerner le harcèlement entre élèves en milieu scolaire, dans l’enceinte de l’école ou à l’extérieur, et également le cyberharcèlement. Des plaintes peuvent désormais être déposées par les familles sur le fondement de cet article. Le cyberharcèlement est maintenant un délit puni par la loi.

Extrait de l'ouvrage Enseignement moral et civique Cycle 3, collection Comprendre le monde, Editions Retz

 

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