Les intelligences multiples

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Image de synthèse représentant un cerveau
Il existe plusieurs formes d’intelligence, les connaissez-vous ? Comment ont-elles été découvertes ? Howard Gardner mène depuis 30 ans des recherches sur l’intelligence qui bouleversent l’approche traditionnelle de la question.

 

 

DIFFERENTES MANIERES D'ETRE INTELLIGENT

 

Au départ, Howard Gardner a développé sa théorie en réaction contre l'approche psychométrique de l'intelligence et le concept de QI (quotient intellectuel), selon lesquels il est possible de mesurer et de quantifier l'intelligence d'un individu, et qui postulent que cette intelligence est fixée pour la vie.

Le concept de QI donne une vision de l'intelligence qui s'appuie à la fois sur des compétences très spécifiques (le langage et la logique) et sur un environnement culturel particulier. C'est ce que l'on pourrait appeler l' « intelligence du Blanc européen ».Bien que leur pertinence ait été remise en question par d'innombrables contre-exemples, les tests de QI sont toujours utilisés (même s'ils ont évolué au fil du temps) et le concept de QI imprègne encore notre appréhension de l'intelligence.

 

Pourtant, lorsque l'on cherche un élément commun qui pourrait rassembler un grand nombre de personnes ayant réussi et qui sont manifestement « intelligentes», on a bien du mal à le trouver : qu'est-ce qui rapprocherait Mozart et Einstein, Le Corbusier et Zinedine Zidane, Léonard de Vinci et Napoléon ?

 

Plutôt que d'essayer (bien difficilement) de trouver ce point commun, nous pouvons considérer qu'il y a différentes manières d'être intelligent : celles de l'athlète, de l'artiste, du musicien, du patron, du théologien, du conseiller politique, du vendeur, de l'instituteur, du mécanicien, de l'architecte et de bien d'autres. Et si, à l'échelle du globe, nous examinons les intelligences utilisées dans de nombreuses cultures (comme les capacités exceptionnelles de navigation des Polynésiens, les talents fabuleux de conteur des griots africains ou la perspicacité des patrons japonais), nous devons bien admettre qu'il y a différentes manières d'être « intelligent ». (…/…)

 

LES HUIT INTELLIGENCES

 

Allant plus loin, Howard Gardner a cherché à élargir les paramètres permettant de définir et de comprendre l'intelligence, afin d'intégrer l'infinie diversité des capacités humaines, et ceci dans toute culture et dans tout contexte social. Ses recherches l'ont finalement conduit à rajouter un « s » au mot « intelligence ». En s'appuyant sur des critères précis, il a ainsi défini huit « intelligences » :

- l'intelligence verbale/linguistique : la capacité à être sensible aux structures linguistiques sous toutes leurs formes ;

- l'intelligence logique/mathématique : la capacité à raisonner, à compter et à calculer, à tenir un raisonnement logique ;

l'intelligence visuelle/spatiale : la capacité à créer des images mentales et à percevoir le monde visible avec précision dans ses trois dimensions ;

l'intelligence musicale/rythmique : la capacité à être sensible aux structures rythmiques, sonores et musicales ;

l'intelligence corporelle/kinesthésique : la capacité à utiliser son corps d'une manière fine et élaborée, à s'exprimer à travers le mouvement, à être habile avec les objets ;

l'intelligence interpersonnelle : la capacité à entrer en relation avec les autres ;

l'intelligence intrapersonnelle : la capacité à avoir une bonne connaissance de soi-même ;

l'intelligence (du) naturaliste : la capacité à observer la nature sous toutes ses formes, et la capacité à reconnaître et classifier des formes et des structures dans la nature.

 

On remarquera qu'à l'heure actuelle, dans le monde de l'enseignement comme dans celui de la formation, il est donné une importance surabondante aux intelligences verbale/linguistique et logique/mathématique, et que l'on a tendance à considérer comme superflues (ou du moins secondaires) l'utilisation et le développement des intelligences : musicale/rythmique ; corporelle/kinesthésique ; visuelle/spatiale ; naturaliste ; interpersonnelle et intrapersonnelle.

 

Si des apprenants (élèves, étudiants, stagiaires) ont essentiellement développé l'une ou l'autre de ces intelligences et peu les intelligences verbale/linguistique et/ou logique/mathématique, ils auront du mal à apprendre et à montrer leurs véritables capacités.

On notera également que l' « intelligence émotionnelle », popularisée par Daniel Goleman, a une forte corrélation avec les intelligences inter- et intrapersonnelle. Les compétences qu'il décrit comme participant à l'intelligence émotionnelle sont : la conscience de soi ; l'empathie envers les autres ; la capacité à gérer les émotions, que ce soit les siennes propres ou celles des autres.

Comme Gardner et Goleman le précisent, lorsqu'on se focalise uniquement sur les aspects langagiers et numériques dans un apprentissage, on perd - ou l'on ne développe pas - la relation essentielle entre capacités intellectuelles et émotions, on ne permet pas que s'établisse cette relation entre les centres émotionnels et les centres cognitifs du cerveau.

En aidant les apprenants à développer en même temps leurs intelligences inter- et intrapersonnelle, on les prépare à gérer et à trouver un bon équilibre entre émotions et raison.

 (@tsr.ch)

 

 

Extrait du « Guide de la formation et du développement professionnel » sous le dir. de J.-Y. Arrivé et E. Marc