L'affirmation de soi

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Image représentant une personne qui réfléchit
L’affirmation de soi est parfois cantonnée à l'entraînement aux habilités sociales en thérapie de groupe.

En réalité, elle peut être intégrée à toute approche cognitivo-comportementale, d'autant que le manque d'affirmation de soi est fréquent et devrait être systématiquement recherché chez les patients

L’affirmation de soi remplit trois fonctions essentielles :

  • exprimer ses émotions,
  • améliorer ses relations interpersonnelles dans tous les domaines de la vie,
  • obtenir plus facilement ce qui correspond à ses souhaits et à ses désirs.

 

Définition et catégories de comportements

L’affirmation de soi est un comportement qui permet d'exprimer ses besoins, ses désirs, ses souhaits, en respectant l'autre. Elle dessine trois grandes catégories de comportements :

  • le comportement passif : le sujet n'exprime pas ses besoins, ses désirs, et laisse la place à l'autre ; c'est le « paillasson » ;
  • le comportement agressif : le sujet impose ses besoins et ses désirs à l'autre sans le respecter ; c'est le « hérisson » ;
  • le comportement affirmé : le sujet exprime ses besoins et ses désirs en respectant les besoins et les désirs de l’autre.

 

On distingue en outre :

  • l'affirmation de soi, qui concerne les compétences relationnelles de chacun (« Suis-je capable de me sentir bien avec les autres ?) ;
  • la confiance en soi, qui concerne les compétences personnelles (« Suis-je capable de faire correctement mon travail ou de conduire correctement ma voiture ?) ;
  • l'estime de soi, qui concerne la vision globale de soi-même (« Qu'est-ce que je pense de ma valeur personnelle ? »).

Ces trois dimensions sont, en partie, liées. L’affirmation de soi et la confiance en soi concernent plutôt les comportements, l'estime de soi plutôt la personnalité. Le traitement de ces trois domaines n'est pas le même et il importe d'en faire la distinction dans l'analyse fonctionnelle.

 

Étiologie du manque d'affirmation de soi

Les causes et facteurs de maintien du manque d'affirmation de soi sont, schématiquement, de quatre ordres.

  • Le non-droit personnel est un facteur cognitif : les patients concernés ne se donnent pas le droit de s'affirmer : ils pensent que demander, refuser ou exprimer une critique ne « se fait pas ». L’origine de ce non-droit personnel est le plus souvent éducative, avec deux types de conséquences : l'absence de droit personnel et des droits personnels inférieurs à ceux de l'autre. La prise en charge de type cognitif revient aux sources de l'éducation et veille au rééquilibrage entre s'occuper des autres et penser à soi.
  • Le manque de renforcement par l'environnement (manque de renforcement positif et punition d’un comportement affirmé) aboutit à l'extinction du comportement concerné, son renforcement négatif crée des mécanismes d'évitement divers. Les patients concernés souffrent d'un besoin de se conformer au groupe social pour exister, d'une soumission excessive. La faible estime de soi les pousse à ne pas s'affirmer pour rester intégré sans se faire remarquer. Le traitement consiste à travailler sur l'estime de soi et sur la place dans le groupe social.
  • Le manque de savoir-faire concerne des personnes qui n'ont pas eu de modèle et n'ont jamais appris à s'affirmer. Le modèle étiologique est typiquement comportemental par manque d'apprentissage. L’entraînement aux compétences sociales trouve ici son indication privilégiée, de préférence en groupe.
  • Le manque de reconnaissance des messages sociaux concerne des personnes qui ne s'affirment pas car elles perçoivent mal les signaux sociaux, soit par un défaut de perception lié à un « filtre cognitif » dysfonctionnel (le traitement consiste à modifier le schéma cognitif pathologique participant au trouble de la personnalité), soit par un défaut de perception « sensoriel » ou neuropsychologique.

 

 

Extrait du Guide clinique de thérapie comportementale et cognitive, sous la direction du Pr Ovide Fontaine et du Dr Philippe Fontaine.