CHRISTIAN HENAFF : La résolution de problèmes au CE2

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Photo de Christian Hénaff
Christian Henaff, auteur de l’ouvrage Résoudre des problèmes CE1, nous offre cette année la version CE2, qui a pour objectif de donner aux élèves les clés de la compréhension et de la résolution de problèmes.

Découvrez ce nouveau titre à travers notre interview !

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les élèves face à la résolution de problèmes ? Comment les expliquez-vous ?

Les sources de difficulté sont multiples.

Au premier plan de celles-ci, je placerai la lecture des énoncés, car pour résoudre un problème, il faut savoir localiser et traiter les informations en lien avec la question posée, ce qui ne va pas de soi.

Tout aussi difficile est le choix de la bonne opération. Je vois deux raisons à cela :

  • Le sens des opérations est souvent enseigné comme s’il n’y avait que quatre familles de problèmes, soit une par opération, la réalité étant bien plus complexe. Il existe par exemple cinq catégories pour l’addition et neuf pour la soustraction.
  • Par ailleurs, les effets produits par chacune d’elles ne sont pas étudiés…  Or, savoir que l’addition ne doit être utilisée que « si on veut trouver un nombre plus grand » permet d’exercer un contrôle sur le résultat.

J’ajouterai que le calcul constitue de plus en plus souvent un obstacle supplémentaire.

Comprendre l’énoncé et connaitre le sens des opérations constituent donc des conditions nécessaires à la réussite, mais aucune des deux n’est suffisante. Quand il doit résoudre un problème, l’élève doit faire le lien entre ce qu’il sait des opérations et le sens du texte, c’est-à-dire mettre en réseau différents savoir-faire. Des apprentissages méthodologiques sont alors utiles.

Enfin, résoudre un problème est difficile parce que… c’est difficile ! Il faut surmonter un obstacle et beaucoup d’élèves y sont peu habitués.

 

Selon vous, la résolution de problèmes doit être enseignée comme un domaine à part entière. Comment organiser cet apprentissage ?

La conception de l’enseignement est un préalable aux choix d’organisation. Elle consiste d’abord en une définition des objectifs spécifiques, en particulier d’ordre méthodologique et en l’élaboration d’une programmation.

L’organisation de cet enseignement prend alors appui sur quelques principes essentiels :

  • La pratique doit être régulière, la fréquence hebdomadaire semblant la plus adaptée.
  • Chaque séance doit commencer par une phase collective d’identification ou de rappel des savoir-faire qui vont être mis en jeu.
  • La mise en application doit être suffisamment conséquente pour que les savoir-faire s’installent bien.
  • Une évaluation doit être programmée sous la forme de bilans. Elle doit aussi être menée en continu afin de permettre la mesure des évolutions de chacun et de l’ensemble du groupe. Elle nécessite une analyse des productions, mais aussi des stratégies observées pendant la phase de travail individuel.

 


Le fichier « Résoudre des problèmes CE2 » permet-il de tenir compte de la progression parfois hétérogène des élèves de la classe ?

La prise en compte des besoins de chaque élève commence par une conception de l’enseignement qui « met à jour » tous les apprentissages imposés par les programmes. Aucun ne doit rester implicite. C’est ce choix favorisant selon moi les apprentissages des élèves fragiles qui a guidé la conception de l’ouvrage.

Celui-ci propose donc une programmation plutôt linéaire, avançant progressivement vers l’atteinte des objectifs communs à tous, fixés par les programmes pour le CE2. Le cadre défini est plutôt celui de la classe.

La progression des élèves est toujours hétérogène, ce qui n’empêche pas une programmation commune à tous, tant que « tout le monde est dans le train ». L’hétérogénéité pose un problème d’organisation si un ou plusieurs élèves perdent pied. Elle impose alors à l’enseignant d’analyser régulièrement les besoins de chaque élève et d’effectuer le choix des apprentissages (des séances) en fonction des réussites et des difficultés.

Aucun ouvrage ne peut définir les besoins de chaque élève à tout instant. Cette tâche incombe aux enseignants et il faut leur faire confiance pour cela. Ils doivent pouvoir adapter l’utilisation de l’ouvrage à leurs stratégies d’enseignement : dispositif collectif, par ateliers, individualisé… Les corrigés des problèmes permettent une utilisation autonome et différenciées des séries de problèmes. Mais je conseille toutefois d’éviter une trop grande complexité de mise en œuvre qui conduit finalement l’enseignant à se préoccuper plutôt de l’organisation que des apprentissages proprement dits.