3 questions à Marie Goëtz-Georges sur la maternelle

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Photo de Marie Goëtz-Georges
Quels sont les enjeux de l’école maternelle ? A quoi sert-elle vraiment ? Marie Goëtz-Georges, conseillère pédagogique, vous explique l’importance et les spécificités de l’enseignement dans les petites classes.

 

1. Quels sont les enjeux didactiques, pédagogiques et éducatifs de la maternelle ?

 

Les apprentissages de l’école maternelle sont qualifiés de « propédeutiques » par le Ministère de l’éducation nationale. L’école maternelle a donc pour vocation de préparer l’enfant à réussir l’entrée dans les apprentissages fondamentaux. L’enjeu est important et il nécessite de mieux connaître ce qui détermine cette réussite.

Si le rôle de la maîtrise de la langue n’est plus à signaler, encore faut-il distinguer ce qui relève de la maîtrise d’un code ou de la maîtrise d’une pensée.

Le premier enjeu didactique à la maternelle est de baigner les enfants dans les mots qui entourent le savoir, les mots relatifs au raisonnement, à la découverte, aux processus cognitifs, mais aussi aux émotions, ces premières pensées qui font sens spontanément et préparent la pensée à faire du lien.

Le second enjeu est de faire en sorte que les enfants se forgent suffisamment d’images mentales pour faciliter leur entrée dans la pensée logique. Ces enjeux ne peuvent s’opérer sans une pédagogie d’explicitation constante. Ce n’est possible que dans le cadre d’un développement harmonieux qui doit pouvoir s’ancrer à tous les moments de jeux libres, d’excitations collectives, de bagarre, d’entraide, de calme et de rires.

C’est là que l’école maternelle a son rôle éducatif à jouer pour que l’enfant soit avant tout un sujet avant de devenir un élève.

 

2. Quelles sont les difficultés des phases d’apprentissage des élèves de maternelle, notamment en petite section ?

 

Entre trois et six ans, l’enfant est encore dans ce que Piaget a appelé la pensée syncrétique, par opposition à analytique. L’enfant est encore difficilement capable de prendre des distances par rapport à son propre point de vue, visuel ou d’opinion. L’élève de petite section notamment est au tout début de la pensée consciente du savoir, c'est-à-dire qu’il commence juste à savoir qu’il ne sait pas.

La difficulté pour un enseignant demeure donc dans la nécessité de faire prendre conscience à ses élèves qu’ils ne savent pas. Comment chercher à apprendre si on ne sait pas qu’on ne sait pas ? Le maître devra donc pratiquer le questionnement sur des situations curieuses, des situations problèmes. Les schémas de pensée nécessaires à la réussite de la tâche par l’enfant ne sont pas intuitifs. Ils s’apprennent par répétitions et habitude grâce à la verbalisation du maître.

 

3. Pourquoi les rituels sont-ils si importants pour les élèves ?

 

Les rituels ont pour vocation d’aider l’enfant à se repérer. Il faut cependant distinguer les moments ritualisés qui scandent la journée de classe (regroupements autour d’une histoire, d’une chanson pour le plaisir ; départ en motricité, sorte d’algorithme de la journée) des rituels d’apprentissage qui permettent à l’enfant de se repérer dans son processus d’apprentissage.

Les premiers permettent un repérage dans un cadre spatio-temporel : les rituels ont lieu, au même moment, toujours «avant de» et «après avoir fait», et ils permettent de créer un sentiment d’appartenance. Ceci conditionne une sécurité affective, permet à l’élève d’être disponible émotionnellement pour accepter de changer, condition première à l’apprentissage.

Les seconds, les apprentissages ritualisés, permettent à l’enfant de se rendre disponible, d’anticiper, de se projeter et d’être attentif pour une tâche cognitive. Il sait qu’il va y avoir derrière le jeu un enjeu : il est donc dans une position de réussite et de savoir.